Un « vrai » coureur

Il y a certaines choses qui me fâchent dans la vie.

La crédulité humaine en est une. Snoozer et manquer mon bus aussi.

En course à pied, si j’avais à choisir l’élément qui m’horripile par dessus tout, je n’opterais ni pour les blessures ni pour les ampoules ou la mauvaise température. Non. Certes, ce sont tous des éléments irritants qui apportent leur lot de désagrément. Or, il y a quelque chose de pire. Bien pire.

Il y a quelque chose que les gens me disent beaucoup trop souvent.

« Heille Laurianne, j’ai commencé à courir un peu. J’aime ça, mais t’sais, j’suis pas encore une vraie coureuse là, pas comme toi! J’fais juste des p’tits 2 minutes en alternance avec la marche. »

Attends une seconde. Une vraie coureuse? C’est quoi ça, un VRAI coureur?

Ben là! C’est évident non? Un ectomorphe chaussé du plus récent modèle de chaussure de sa compagnie fétiche, ornant superstitieusement ses mollets de chics bas de compression pour contrer les attaques lactiques et qui porte, à la taille, une ceinture d’hydratation remplie de gels et de capsules de sel. Mais oui! Et ce VRAI coureur porte évidemment un moniteur de fréquence cardiaque afin de suivre les battements de son coeur à chaque instant sur sa montre GPS à 600$ alors qu’il s’exténue dans ses intervalles courts du mardi. Un VRAI coureur a de l’expérience. Il court probablement de gros volumes et fait des marathons sous les 3 heures, sans marcher, assurément.

Hum. Ça me laisse perplexe.

En fait, lorsque quelqu’un me dit qu’il n’est pas un vrai coureur, ça me fend dans l’autre sens. Parce que ça n’existe pas, un vrai coureur. Si tu cours, tu es un coureur.

On s’en fout que tu alternes marche et course ou que tu sois un adepte des courses de 5K. Tu cours!

Et si tu fais un demi-marathon, ce n’est pas QUE la moitié d’un marathon. C’est 21K. Pas la moitié d’un tout!

Et si ce qui te passionne sont les longues distances, fine! Tu cours longtemps, et puis?

Tu cours aussi.

Au même titre que Madame Ginette qui vient de débuter et qui fait ses intervalles dans ses souliers multisports pour voir si elle aime ça.

Vois-tu, la course à pied, ce n’est pas élitiste. Ce n’est pas un cercle fermé réservé aux meilleurs. C’est une belle communauté qui réunit des milliers de gens partout à travers le monde qui se ressemblent en un point: ils enfilent leurs souliers et partent sillonner les rues et les sentiers sans but précis.

Donc lorsque quelqu’un me dit qu’il n’est pas un vrai coureur, c’est comme s’il sous-entend qu’il n’est pas assez bon, qu’il n’est pas assez en forme et qu’en réalité, il ne court pas vraiment.

Comme s’il ne croyait pas en lui.

Comme si elle ne croyait pas en elle.

Et ça m’attriste.

Parce qu’après tout, on débute tous un jour. Et ce n’est pas la vitesse, la distance ou bien le temps qui définit quelqu’un en tant que coureur.

C’est sa passion.

P.S. N’oubliez pas d’aller jeter un coup d’oeil à ma page Facebook si vous ne la suivez pas déjà. Je ne donne pas de conseils ou de trucs bien techniques, mais de la motivation et des belles photos, ça, j’en ai pour tout le monde! Par ici: Ces Mille Pas 🙂

g2380413-copy


9 réflexions sur “Un « vrai » coureur

  1. Très juste ton billet Lauréanne ! Il y a seulement des coureurs, point à la ligne. C’est comme ceux qui disent qu’en bas d’un marathon ce n’est pas de la course. Que fait-on de quelqu’un qui donne l’effort de sa vie sur 1500 mètres par exemple ?

    J’aime

  2. tout à fait. voir où on peut aller avec nos propres pieds. se surprendre.
    mais avoue que la machine ‘body-shaming’ des lance armstrong weekend warriors et les inscriptions aux courses de plus en plus cher est quand-même forte:: on peut se sentir exclu.

    J’aime

  3. Merci pour ce beau texte qui me rejoint particulièrement, j’en ai même fait un texte sur mon blogue il y a quelques semaines.

    Ce fut difficile mais maintenant je ne laisserai personne me dire que je me suis pas une « vrai » coureuse…

    J’aime

Laisser un commentaire